Catégories
Non classé

« Il faut, il ne faut pas, je dois, je ne dois pas… » : le moralisme (notion introduite par Paul Diel)

Le moralisme, c’est l’art de s’imposer  de penser, de faire des choses en s’interdisant toute possibilité d’échec. Dans le moralisme, il n’y a pas de notion de plaisir mais une notion d’obligation. Les mots préférés du moralisme : « Il faut, je dois, je dois me forcer à». Mais essayer de changer les actions sans changer auparavant nos motifs (nos profondes et réelles raisons d’agir) conduit le plus souvent à l’échec. Combien de fumeurs ont essayé en vain de se dire : « Je le promets. C’est ma dernière. » ? Combien d’hommes et de femmes tentant de réguler leur poids ont essayé de se convaincre : « Je promets de ne plus grignoter. » ou « Je promets que oui, dès demain, je me mets au sport. » ou « Je promets. Plus jamais une seule goutte d’alcool. » Hélas sans résultat probant sur le long terme. Alors, quelle solution au moralisme ? Déjà, ne pas refouler le problème, c’est-à-dire le voir en face : « J’ai un problème : Je n’arrive pas à arrêter de fumer ou à me mettre au sport ou à arrêter de grignoter, etc. Partant de l’hypothèse que la pensée précède l’action (pour reprendre Paul Diel, les motifs sont à l’origine de nos actions), qu’est-ce que je me suis dit juste avant de prendre une cigarette ? ou juste avant de grignoter ? ou avant de m’être avachi(e) devant la télé plutôt que d’avoir enfilé mes baskets pour aller faire du sport ? ou juste avant d’être entré(e) dans une énorme colère ? Affronter cette pensée, par exemple : «Au travail, mon collègue est juste insupportable. Je ne le supporte plus. », « Mon couple va mal en ce moment mais je n’ai pas envie de le voir. », « J’ai peur de ne pas arriver à passer cet examen », «c’est fichu, j’ai pris 2 carrés de chocolat, je n’ai aucune volonté, je vais finir ma vie énorme. C’est pas juste. Y en a qui ne font rien et qui sont minces  naturellement. », etc. En réalité, toutes ces pensées tournent autour d’un même schéma : « Pauvre de moi. J’ai pas mérité ça. C’est injuste. Pourquoi moi ? » On se victimise, et par conséquent, les autres sont les bourreaux : la vie accusée d’être mal faite, on ne voit plus que les défauts des autres, de notre conjoint, de nos collègues, de notre entourage. En réalité, tous ces automatismes subconscients (prendre une cigarette, un verre, …) visent à une seule chose : refuser la réalité, la nier. La réalité ne me plaît pas. Elle n’est pas comme je voudrais qu’elle soit. Deux options s’offrent à moi : Option 1 : PAUSE: Je vois ce qui me déplaît, je me l’avoue, ce qui me permet de me mettre à chercher une solution. Exemple : Le collègue dont je n’ai pas apprécié la remarque : « Bon, il a toujours été comme ça. En y réfléchissant bien, il est comme ça avec tout le monde. Je ne le changerai pas. C’est bon, je ne vais pas en faire un fromage. D’autant plus qu’à moi aussi il peut arriver d’être désagréable», ou « Oh la la, ma patience a des limites. Je ne peux vraiment plus travailler dans ces conditions. Je vais postuler ailleurs. On verra bien.» Dans les deux cas, parce qu’il y a eu aveu du problème, il y a recherche de solutions. Option 2 : J’ai à la main une cigarette mais je ne sais pas pourquoi. Je ne peux pas m’empêcher de fumer. Je sens que ça ne va pas, je rumine. Effectivement, dans cette option,  on a renforcé une habitude devenue automatisme : A chaque fois que quelque chose nous dérange, on va fuir la pensée déplaisante en allumant une cigarette, en prenant un verre, en allumant la télé…mais la pensée déplaisante subsiste malgré tout et là, on ne voit aucune solution, on tourne en rond (« pauvre de moi, la vie est injuste, pourquoi il (ou elle) est comme ça… »). Dans cette seconde option, il n’y a pas eu l’introduction d’un moment de PAUSE. On dramatise alors ce qui nous arrive, tentant de se persuader que si cela ne va pas, forcément c’est à cause de l’autre et pas à cause de moi, sous-entendu : « je suis parfait(e), alors j’ai bien le droit de me plaindre parce que moi je ne suis pas comme ça. »

Nous ne vivons pas dans un monde parfait (nous ne sommes pas parfaits, et les autres ne le sont pas non plus !), où tout irait bien dans le meilleur des mondes. Tout être humain, dès sa naissance, rencontre des difficultés, plus ou moins grandes. Les affronter, c’est enclencher le mécanisme de résilience : faire avec, et non pas nier qu’elles soient.